La grande traversée épique des Pyrénées

Carnet de voyage #5

21 avril 2016.Clément Courte.0 J'aime.3 Commentaires
Acceuil/Voyage végane à vélo/Carnet de voyage/Grande traversée épique des Pyrénées
DATES: DU 16 AU 17 FÉVRIER 2016
DISTANCE TOTALE PARCOURUE:  1303 KM
ÉTAPES: BAYONNE, ST-JEAN-PIED-DE-PORT, ZUBIRI

Bon ok, on a un peu craqué sur le titre. Mais en même temps, c’était presque ça : 63 km de vélo, un col, 1125 m de dénivelé positif, de la neige, 20 km de montée sans arrêt, une Yaëlle à tirer et sans compter les bagages…

1. Le ?#!% de Pas de Roland

Selon une légende, le sabot du cheval de Roland, neveu de Charlemagne, aurait brisé en deux un rocher dans un défilé d’où débouche la Nive, à un endroit appelé aujourd’hui le Pas de Roland. En basque, cet endroit s’appelle Atekagaitz, ce qui signifie « mauvais passage ».Wikipedia

Bref, sans le savoir, nous avons choisit ce « mauvais passage » pour nous rendre de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port, en longeant la Nive. Notre hôte Édouard (voir Carnet de Voyage #4 : Promenons-nous dans les bois) nous a accompagné depuis Bayonne jusqu’au Pas de Roland. Ensuite, certes, c’était très joli. Mais fichtre qu’il y avait des côtes à 10 000%, à pousser les vélos, à n’en plus finir. Chaque fois qu’on descendait des vélos pour marcher, on se regardait, l’air grave. Passerait-on réellement le col avant la tempête prévue pour le surlendemain?

Arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port fut une libération… de courte durée. Nous avons passé la nuit à l’auberge des pèlerins, sans oublier de récupérer au préalable notre Crédential : le passeport des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui donne accès aux albergues du chemin. En effet, nous avions prévu suivre une partie du camino à l’envers pour nous rendre jusqu’à Séville.

À l’auberge, nous avons rencontré Rocco, un italien qui voyageait également à vélo, mais sans remorque ni sacoches. Il transportait tout son stock dans un sac sur le dos. Aïe!

Nous avons partagé un repas de champion, salade, hummus et boulghour, et parlé de véganisme et décroissance avec un Rocco intéressé mais perplexe. Malgré l’intérêt partagé, la soirée fut courte : tout le monde était fatigué, et on prévoyait pédaler ensemble le lendemain. Le coucher de soleil fut à tomber. Et nous n’avons pas tardé nous-même à tomber de sommeil. Un sommeil lourd de montées infernales mouahahahaha!

2. Départ dans le gel et l’effroi

C’est avec « stupeur et tremblement », et une pincée de nostalgie pour le vélo d’hiver au Québec, que nous avons découvert nos vélos recouverts de gel, au petit matin. Que nous réserverait donc la journée? Sous ces joyeux hospices, nous avons entamé la route pour le col. Le paysage était à couper le souffle!

Nous avions prévu rouler avec Rocco, mais un examen rapide de son vélo nous a appris qu’il ne pourrait pas partir ainsi. Après deux tentatives échouées de l’aider à réparer son vélo (une attache rapide de roue brisée) et à trouver une remorque pour y mettre son sac, nous avons décidé de partir sans l’attendre. Cela nous fendait le cœur, mais nous savions que la journée serait longue et difficile et voulions éviter à tout prix de la finir dans le noir. On ne savons jamais comment Yaëlle va réagir quand il fait nuit.

Heureusement, on a appris le lendemain que Rocco s’en était bien tiré. Fiou!

3. La montée intrépide

Bien que en côte tout du long, la première partie jusqu’à Aldudes s’est révélée pas trop difficile. Il faisait étonnament bon malgré la gelée du matin. Nous avons fait une étape au village pour manger et planifier la suite de notre itinéraire. En effet, de 3 cols possibles, nous avions prévu passer par une petite route magique, au milieu des montagnes, qui s’avérait moins pentue que les cols voisins. Le seul hic, était de savoir si ce serait dégagé. Nous n’étions pas équipé.e.s pour faire du vélo sur la neige.

Au bar du village, les autochtones nous confirment nos pires craintes : la route n’est pas dégagée et il va falloir passer par un autre col, sans doute plus fréquenté.

Finalement, ça s’est bien passé. Sans doute beaucoup mieux que si nous avions pris la route de Roncevaux, où passe le chemin de Saint-Jacques. On a croisé environ une voiture à toutes les heures, alors pas de stress! Et les côtes n’étaient pas trop pentues.

Il ne faut tout de même pas nous réjouir trop vite car passer un col de montagne, ça se mérite! Faire de grands zig-zags au milieu de la route, descendre du vélo, pousser le vélo, pousser la remorque, manger du chocolat, remonter sur le vélo, mouliner, pédaler, compter chaque kilomètre parcouru, faire des bisous à Yaëlle, prendre des photos, s’arrêter pour contempler le paysage, etc. Pas le temps de nous ennuyer!

Et ça monte, ça monte, ça n’en finit plus de monter. On a chaud malgré la neige. Jusqu’au moment où : nous arrivons enfin en Espagne. Ouf ça redescend pendant quelques kilomètres. Puis ça remonte de plus belle et il ne faut rien lâcher!

Les derniers kilomètres sont plus difficiles. Je tire Yaëlle qui est étonnamment calme, et Isis fait ce qu’elle peut pour m’encourager. Je lui dis alors que je ne veux plus parler. Je force, je force, pendant qu’elle zig-zag en arrière en essayant d’éviter de me rentrer dedans…

4. Libération!!!

Alors que je n’y croyais plus. Persuadé être bloqué dans une gravure d’escaliers infinis d’Escher. Incapable d’imaginer que notre montée sur la montagne du Mordor puisse prendre fin… Libération, le col est apparu sous nos yeux ébahis. Et des larmes de joie ont inondé mes joues rougies par l’effort. C’est en T-shirt, dégoulinant de fatigue, les jambes molles, les chevilles massacrées, assiégés par la neige que nous avons traversé le col d’Urquiaga.

5. La descente : Brrr… que frio!

Nous nous sommes arrêté quelques minutes pour reprendre notre souffle, boire, manger un peu. Oups, Yaëlle a fait mine de se réveiller…  Vite vite, nous avons repris la route pour la bercer et la rendormir. Le plus longtemps elle dormirait, le plus facile serait la fin de journée.

Passé le col, nous avons dû faire face à un autre type de difficulté : le froid aux doigts durant la descente. Parce que quand ça descend pendant des kilomètres et des kilomètres, la chaleur accumulée à la montée a vite fait de prendre le bord.

Nous nous sommes arrêté.e.s à plusieurs reprises pour rajouter une couche ou deux. Avec la fatigue de la journée, il n’y a pas beaucoup de photos. Si ce n’est le barrage impressionnant de l’Arga, avant d’arriver à Zubiri.

Ce soir-là, nous avons à nouveau dormi dans une albergue avec les pellegrinos. La seule qui était ouverte durant l’hiver était un peu chère certes, mais nous en avons bien profité : comme on avait une bébé, on nous a donné une chambre séparée des autres, en face d’une salle de bains privée. Ultra confort!

Malgré toutes les craintes que nous pouvions avoir avant d’attaquer les Pyrénées, il semblerait que ce n’était qu’un échauffement pour la suite de notre voyage. Après avoir escaladé la montagne à coups de pédale, il serait temps d’y aller à mains nues, qu’en pensez-vous?

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Commentaires (3)

  • Marie-France VRIGNAUD . 21 avril 2016 . Répondre
    Bravo, à vous 3, le col à vélo…… respect…… pensons bien à vous.
  • Gratteron et Chaussons . 1 août 2016 . Répondre
    Bonsoir!
    Nous découvrons votre site internet par le biais de planet grimpe! Leur article nous a fait tout de suite ’tilt’ car nous avons la même philosophie, les mêmes passions, et d’après vos descriptions, à peu près le même mode de vie… le bébé en moins et le vélo en moins 😉
    Pour notre part, nous avons crée gratteron et chaussons en juin dernier et c’est drôle comment nos 2 sites peuvent se ressembler (sur le fond) !
    Dommage que nous n’ayons pas connu votre blog avant et/ou que vous ne soyez pas passé par les pyrénées ariégeoises, nous aurions pu échanger/grimper avec grand plaisir!
    Bonne continuation dans votre fabuleux périple !
    Salutations green,
    Mélanie
    • (Auteur) Clément Courte . 4 août 2016 .
      Bonjour Mélanie,

      Merci pour le commentaire! Effectivement, je viens de faire un tour sur votre blogue, qui est très chouette en passant, et nous partageons tout pleins de points communs! 🙂 On vous souhaite d’essayer le vélo pour aller grimper, c’est super joyeux! 😉 Aussi, on prévoit rester quelques années en France après notre voyage. On vous réécrira si on retourne dans les Pyrénées!

      Au plaisir!

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